Ce matin, maman est venue réveiller Lina
et Lino pour l’école comme d’habitude. Elle a une drôle de tête.
Ses yeux sont rouges comme quand elle
épluche les oignons.
- Les enfants, commence-t-elle, la voix étranglée, vous savez
que votre papi était très malade. Et bien, et bien… il est mort cette nuit.
Les yeux de Lino s’emplissent instantanément de
larmes qui débordent et roulent sur ses petites joues rondes.
Lina se serre contre sa mère, sans
un mot.
- Nous partirons cette après-midi pour l’enterrement.
- Je vais dessiner un ange pour papi, dit Lino.
- Je vais t’aider à le colorier, ajoute Lina.
Dans l’église, Lina et Lino sont
intimidés. Elle est bien plus grande que ce qu’ils avaient imaginé. Beaucoup de
gens qu’ils ne connaissent pas viennent les embrasser. Ils restent blottis
contre leurs parents, craintifs devant tant de monde.
Au cimetière, le cercueil où on leur
a dit qu’était leur papi descend dans un trou. C'est une grande caisse en bois avec des poignées dorées. Quatre messieurs en noir le
tiennent par des cordes. Tout le monde passe devant et regarde au fond. Ça fait un long, très long cortège.
Lina et Lino sont tristes. Ils se
souviennent de la cabane dans les bois, des balades en vélo, des randonnées sur
les chemins escarpées, des bains de mer, des documentaires interminables à la
télé, et surtout, surtout, des blagues de papi.