La rentrée est passée, Lino est dans une nouvelle école, une
nouvelle classe, avec une nouvelle maîtresse et de nouveaux copains.
Seulement voilà, Lino ne sait pas pourquoi, mais il a peur,
peur tous les matins de se lever, peur de s’assoir à sa place, peur de ne pas
savoir, peur qu’on se moque de lui, peur d’être puni, peur d’être traité comme
un bébé, peur de ne pas arriver à lire, peur de ne pas réussir à calculer.
Il ne sait pas quoi faire, ce qui lui fait encore plus peur !
En plus, les débuts ne sont pas encourageants. Tous les
autres sont bien meilleurs que lui. Ils lisent tous très bien, savent les
réponses aux opérations, lèvent tout le temps le doigt quand la maîtresse
interroge…
Lino, dans son coin, se sent comme le vilain petit canard,
rejeté de tous.
Et à la récré, c’est encore pire. Tous se connaissent et
personne ne vient le voir. Il reste dans un petit renfoncement qu’il a trouvé
et qui le cache aux yeux de tous.
Tous, ce sont les filles et les garçons, les petits comme les
grands, qui n’attendent qu’une chose, c’est lui faire un croche-pied, lui voler
son blouson, écrire sur ses cahiers, déchirer ses feuilles de leçons.
Lino voudrait être une petite souris et disparaître.
Et puis, et puis, un grand rayon de soleil éclaire la cour de
récréation et sa jumelle, Lina, apparaît comme une fée au bout d’un arc en
ciel. Elle sourit tellement que le cœur de Lino se gonfle en la voyant et qu’il
reprend confiance en lui.
Lina prend la main de Lino et l’emmène dans le cercle de ses
copines.
« C’est Lino, dit-elle, c’est mon frère ! Et gare à
qui lui fera du mal, il aura affaire à moi ! ». Son ton est menaçant
et pourtant, elle sourit toujours. Lina serre fort la main de Lino qui lui est
reconnaissant d’être là tout simplement.
Lino serre à son tour la main de sa jumelle, la regarde et reprend confiance.